Elle est connue mondialement pour être « la styliste qui raconte des histoires avec ses robes ». Autodidacte, la créatrice arrageoise Sylvie Facon compose des robes merveilleuses, étranges et belles, uniques et féériques. Son inspiration multiple puise une partie de ses racines dans sa ville. Rencontre avec une ambassadrice d’Arras, inspirée, exigeante et passionnée.

Direction son atelier, rue du Presbytère Sainte-Croix, au sein d’une jolie bâtisse arrageoise du 18e siècle. Un endroit merveilleux à découvrir le temps d’une ou plusieurs nuits, dans ses chambres d’hôtes de charme, « Les Dentelles du Presbytère ».


« Mes robes véhiculent de l’harmonie, de l’émotion. Ce n’est ni complètement du steampunk, ni complètement de la fantasy, ni des contes, mais il y a un petit mélange de tout cela. »

À Arras, au cœur du monde

Quand elle nous accueille ce jour-là, elle revient tout juste d’Iran.

À la demande d’une prestigieuse école de haute-couture, elle a transmis son savoir-faire à une quarantaine de créatrices. Dans une salle splendide du Palais Golestan, une jeune Iranienne porte une robe aux couleurs d’Arras. Sur le corset, des peintures représentent les maisons de style baroque flamand de la Grand’Place et de la Place des Héros (la Maison des 3 Luppars) et le beffroi. Où comment exporter l’architecture et l’histoire locale aux quatre coins du globe.

« J’ai de plus en plus à cœur de faire connaître ma ville que j’adore, cette démarche de valorisation est mon fil conducteur », explique celle qui s’est vraiment lancé à son compte il y a tout juste 10 ans, après 30 ans d’une première vie professionnelle menée dans le milieu social.

C’est une foule d’inspirations multiples, qu’on ne peut résumer au corset, à la dentelle, au courant préraphaélite, à celui du steampunk, à la nature et même à Arras, qui est cependant le déclencheur, car j’ai commencé à composer des robes pour des fêtes locales. »

Après une première exposition retentissante au musée des Beaux-Arts d’Arras, le bouche-à-oreilles fait le reste. Aujourd’hui, on la demande partout pour des défilés et des expositions : le musée de la dentelle de Chantilly, le Louvre-Lens, l’Abbaye de Vaucelles (exposition jardin des Merveilles en 2018), le musée de la dentelle de Caudry, mais aussi à Orléans, Fontainebleau, Bourges, etc. Car plus que des robes, Sylvie Facon crée de véritables œuvres d’art.

« Un tableau c’était réducteur, je voulais aborder un véritable travail de plasticienne. C’est ainsi que j’ai commencé à peindre sur une robe, devenue un support, comme peut l’être une toile. La beauté universelle, c’est ma volonté essentielle. Créer quelque chose de beau, de plaisant, d’équilibré, d’harmonieux, de doux, de lumineux, de poétique, que l’on soit Anglais, Russe, Français, Américain, cela parle à tous. Mes robes véhiculent de l’harmonie, de l’émotion. Ce n’est ni complètement du steampunk, ni complètement de la fantasy, ni des contes, mais il y a un petit mélange de tout cela. Il y a quelque chose d’indéfinissable, qui touche les gens au plus profond. »

Une créativité sans limites

Sa série de robes arrageoises est à l’image de cette créativité débordante.

Sa passion des belles matières (soie, dentelle) est un véritable manifeste pour le savoir-faire ancien et local. « J’ai un partenariat avec la maison dentellière Jean Bracq à Caudry. Le savoir-faire dentellier me passionne pour sa qualité, sa beauté, ses couleurs, sa finesse, il mérite d’être défendu et sauvegardé. »

Soit 47 mètres de tissu, une splendeur. Le story telling textile arrageois était lancé. Ces histoires et ces compositions millimétrées, demandent à Sylvie entre 150 à 350 heures de travail pour chaque robe.

« Un tableau c’était réducteur, je voulais aborder un véritable travail de plasticienne. C’est ainsi que j’ai commencé à peindre sur une robe, devenue un support, comme peut l’être une toile. La beauté universelle, c’est ma volonté essentielle.

Des partitions dessinent sur la jupe une symphonie textile encore jamais vue. Pour la mettre en scène, la cathédrale d’Arras était l’écrin idéal. Pour la robe incrustée d’enluminures arrageoise, et dotée d’une peinture centrale représentant une scène de marché au 19e siècle, Sylvie a choisi la Grand’Place et le beffroi.

Prochain défi ? Une robe consacrée à la céramique et au Bleu d’Arras. Une nouvelle déclaration d’amour à sa ville de cœur.

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Avec plus de 100 000 followers sur son compte Instagram, des fans et clientes de Singapour à New York et de Los Angeles à Moscou, Sylvie Facon est connue aujourd’hui dans le monde entier. Chacun de ses posts, toutes les 6 semaines environ, fait le buzz.

Sylvie Facon en pratique